Conférence sénégalo-égyptienne sur « la politique de souveraineté alimentaire via l’économie bleue et l’intégration africaine »

Conférence sénégalo-égyptienne sur « la politique de souveraineté alimentaire via l’économie bleue et l’intégration africaine »

La Conférence sénégalo-égyptienne sur « la politique de souveraineté alimentaire via l’économie bleue et l’intégration africaine », s’est tenue le 10 décembre 2024 à l’amphithéâtre Bruno Diatta de l’École nationale d’Administration (ENA).

Cet atelier d’échanges et de réflexions, réunissant des experts sénégalais et égyptiens, organisé par l’Agence nationale de l’Aquaculture (ANA), portait sur des thématiques cruciales telles que la souveraineté alimentaire, l’économie bleue et l’intégration africaine.

Lors de la cérémonie d’ouverture, le Directeur général de l’ENA, Monsieur Mor FALL, a prononcé un discours structuré autour de plusieurs axes essentiels, visant à contextualiser les défis et opportunités liés à ces thématiques tout en proposant des pistes d’action concrètes.

Contexte et objectifs

Dans son intervention, Monsieur FALL a d’abord rappelé le contexte dans lequel s’inscrivait cet atelier. Il a souligné l’urgence de repenser les politiques de gestion des ressources naturelles, en particulier face aux défis liés à l’eau, à l’environnement et à l’exploitation durable de ces ressources. L’objectif principal de cet atelier était donc de réfléchir collectivement à des stratégies novatrices pour atténuer les impacts de ces défis tout en renforçant la souveraineté alimentaire, définie comme le droit des populations à choisir et à mettre en œuvre leurs propres stratégies pour assurer leur sécurité alimentaire.

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Problématiques de l’environnement et de la souveraineté alimentaire

Le Directeur général a ensuite mis en lumière les problématiques majeures auxquelles font face les pays africains, notamment la surexploitation des ressources halieutiques et les problèmes climatiques. Ces phénomènes, a-t-il expliqué, dont les causes sont naturelles et anthropiques, pour l’essentiel, appelle à une gestion prudente et durable de ces ressources afin de garantir leur préservation pour les générations futures.

Leurs conséquences sont souvent géopolitiques et géostratégiques. Et les politiques de mitigation ou de lutte contre ces bouleversements, calamités, catastrophe, désastres et malheurs, ne peuvent s’appuyer essentiellement que sur l’homme.

Aussi, la politique de souveraineté alimentaire comme piste de solution endogène, sera-t-elle prioritairement axée sur une maitrise parfaite de l’environnement, mais nécessite une collaboration et une action concertée au niveau africain.

En effet, la souveraineté en protéines est importante, mais ça l’est davantage quand il s’agit de protéines animales halieutiques, compte tenu de leurs effets nutritifs et sanitaires.

Défis dans la gestion des ressources halieutiques

Le Directeur général a relevé plusieurs contraintes et défis structurels parmi lesquels il a évoqué les faiblesses persistantes dans la mise en œuvre des lois et protocoles de pêche, ainsi que les lacunes dans la gestion des licences et accords de pêche. Ces insuffisances, souvent marquées par un manque de transparence, compromettent les intérêts nationaux et freinent l’exploitation optimale des ressources maritimes.

Pour illustrer ses propos, Monsieur FALL a cité les cas les plus caractéristiques où :

  • l’intérêt général et la sauvegarde du patrimoine national n’ont pas été pris en compte ;
  • la loi est violée par absence de consultation ou de suivi des orientations des organes qui restent consultatifs au lieu d’être obligatoires ou conformes (Conseil national consultatif des pêches maritimes « CNCPM » et Commission consultative d’attribution des licences de pêche « CCALP ») ;
  • la politique de signature des protocoles et accords de pêche est en déphasage avec les arguments et recommandations scientifiques (« le poisson pélagique meurt s’il n’est pas pêché », alors que c’est une ressource partagée par plusieurs pays);
  • l’argument financier et les prévisions avancés aux autorités, ne sont pas souvent solides ;
  • des licences de réciprocité avec certains pays voisins, sont accordées au désavantage du Sénégal dont les ressortissants bénéficiaires ne disposent que de navires artisanaux ;
  • certains accords avec des pays voisins ne contiennent pas de dispositions pour une obligation de débarquement ou de transbordement, ce qui crée une perte d’informations pour la traçabilité dans les comptes économiques ;
  • les dispositions de l’arrêté interministériel fixant le montant et les modalités de paiement des redevances ainsi que l’obligation de marquage des navires autorisés, sont rarement respectées ;
  • l’indexation de la redevance est en général faite sur le tonnage de poisson capturé en lieu et place du tonnage de jauge brute du navire qui semble plus pertinent et rentable ;
  • le Code de la pêche maritime qui légifère sur la délivrance des licences, reste muette sur les autorisations de pêche ;
  • certaines dispositions du Code de la pêche maritime sont maintes fois transgressées ; etc.

Pour relever ces défis, le Directeur général a plaidé en faveur d’une économie bleue, qu’il a définie comme un cadre stratégique pour une exploitation durable des ressources marines et des eaux continentales. Cette approche, selon lui, constitue un levier clé pour renforcer la souveraineté alimentaire tout en préservant les écosystèmes aquatiques.

En somme, le Directeur général a souligné l’importance de l’aquaculture comme pilier central de cette vision. En développant cette activité, les pays africains pourraient non seulement améliorer leur autosuffisance alimentaire, mais aussi favoriser une gestion équilibrée des ressources marines, contribuant ainsi à un développement économique et écologique durable.

Economie bleue : une solution novatrice de développement durable

Vu les problèmes de ressources pélagiques pleinement exploitées à surexploitées sans aucune démarche prudente, alliés aux difficultés de gestion de nos mers et fleuves, l’aquaculture est non seulement une alternative incontournable, mais aussi une stratégie endogène.

Dans cette perspective, l’aquaculture permet de répondre aux besoins croissants en protéines, de combler les carences alimentaires et de démocratiser la consommation des protéines halieutiques, tout en réduisant la pression sur les ressources naturelles.

Cette solution, a-t-il insisté, pourrait également contribuer à diversifier les économies locales et à promouvoir un développement plus inclusif.

Pour toutes ces raisons, l’aquaculture s’offre opportunément comme l’intercurrence du tarissement de la pêche de capture et contribue notablement à la politique de souveraineté alimentaire. Elle constitue un élément de l’économie bleue matérialisée par l’utilisation durable et la conservation des ressources aquatiques dans les environnements marins et d’eau douce.

Missions et attentes de l’ENA

Enfin, Monsieur FALL a rappelé la mission fondamentale de l’École nationale d’Administration, qui est de former des cadres de haut niveau capables de répondre aux défis complexes de l’administration publique. Il a affirmé que les réflexions issues de cet atelier viendront enrichir les programmes de formation de l’ENA, permettant ainsi de mieux outiller les décideurs de demain face aux enjeux de souveraineté alimentaire et de gestion durable des ressources naturelles.

En conclusion, le Directeur général a exprimé sa gratitude envers les autorités sénégalaises et égyptiennes pour leur choix d’organiser cet événement à l’ENA. Il a également formulé des vœux de succès pour les travaux de l’atelier, espérant que les recommandations qui en émergeront contribueront à bâtir un avenir plus résilient et intégré pour le continent africain.

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